Leslie Manigat : premier président élu après la chute des Duvaliers, le 7 février 1988, mais quelques mois plus tard, le 20 juin 1988 il était renversé du pouvoir, par le général Henry Namphy. Que s`était-il passé?




La chute du président Leslie François Manigat fut la première  manifestation des conséquences du caractère ambigu des articles de la Constitution relatifs au commandement de la force militaire d`Haïti. Sur ce point allait surgir un conflit d`autorité entre le président de la République, ″chef nominal des Forces Armées‶, selon la lettre de la Constitution, et le commandement en chef de l`Armée,‶chef effectif des Forces Armées″, selon les prescriptions de cette même Constitution.

Alors, en sa qualité de ″chef effectif des Forces Armées‶, le général Henry Namphy avait opéré des transferts d`officiers  au sein de l`institution militaire sans avoir, bien avant, sollicité et obtenu le feu vert du chef de l`État. Le président Leslie Manigat, informé de la mesure par un des officiers transférés, s`indigna et ordonna sur le champ d`annuler les transferts effectués, arguant qu`il n`avait pas donné son aval à ces décisions. Ce faisant, le président commettait une grave erreur au point de vue du leadership : annuler un ordre du commandement  passé à des subalternes. Pour le comble, il avait jugé que l`acte posé constituait un motif suffisant pour limoger le commandant en Chef et, par surcroît, le faire placer en résidence surveillée.
Se croyant dans son droit, le président Leslie Manigat pour justifier ces décisions, avait déclaré dans une note de la Présidence rendue publique: ‹‹ Les transferts et mises à la retraite opérés dans l`Armée ont été décidé à l`insu et sans l`assentiment du président de la République, Chef Constitutionnel des Forces Armées. En conséquence le président ordonne le rétablissement du statu quo ante.›› 

Le président Manigat était donc convaincu que le général Namphy avait outrepassé ses droits. Mais sa thèse  était erronée. La Constitution ne donne pas au président de la République le pouvoir de passer des ordres directement à l`Armée. Il faut souligner ses deux articles pour être plus claire. a) Article 143.- Le Président de la République est le Chef nominal des Forces Armées, il ne les commande jamais en personne, b) Les Forces Armées d`Haïti sont commandées effectivement par un offier général ayant pour titre Commandant en Chef de Forces Armées. )
Selon le dictionnaire Larousse - Chef nominal : qui n`a que le nom sans avoir les avantages ou les pouvoirs réellement de la fonction. Une mauvaise interprétation des prescriptions de la Constitution et la précipitation mise dans la prise de décision du président de la République à l`égard du commandant en Chef de l`Armée, aboutirent à  une catastrophe. La mise en résidence  surveillée du général  Namphy fut une mesure de trop. Elle fut mal perçue par la base de l`Armée. Des enrôlés de la Garde Présidentielle en service dans la résidence  du Général, bloqués  par les troupes des Casernes assurant, contrairement aux Règlements, l`exécution de l`ordre d`assignation à résidence, vexés , portèrent leurs camarades à se soulever contre le gouvernement et entreprirent de ramener le général Namphy au Palais National pour être installé au pouvoir. Ce fut le coup d`État. Le président Leslie Manigat était forcé de démissionner. C`était le 20 juin 1988.
Donc, l`envergure et la stature du professeur Leslie Manigat, le renversement du premier président constitutionnellement élu depuis la chute du président Jean-Claude Duvalier, le 7 février 1988, le Conseil National du Gouvernement ( CNG ) avait procédé à l`installation d`un président constitutionnel civil au pouvoir, M. Leslie Manigat.

                                                                                                                Luc Sayimann PIERRE

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