L'ONU: neuf mille soldats pour la stabilité d'Haïti, sans résultat durable.


 La Mission des Nations Unis pour la stabilité en Haïti ( MINUSTAH), nantie d'une composante militaire de 7,200 soldats. Cette mission qui comprenait également 1800 policiers, donc un total de 9,000 membres, était aussi appuyée par un personnel civil international. Cependant, la suggestion faite dans le rapport du comité de Réflexion français n'a pas été retenue. La formation et l'encadrement d'une force militaire composée d'Haïtiens n'étaient pas inclus dans l'agenda de la force onusienne débarquée en Haïti, le 1er juin 2004.


À la fin de décembre 2003, on assista à l'occupation du commissariat de police des Gonaïves  par le troupe de ''Lamé cannibale" dirigée par le chef de gang armé Butter Métayer, le frère du militant politique Amyot Métayer ( dit Cubain) assassiné, et qui s'était retourné contre le président Aristide qu'il accusait, à ou à raison, d'avoir fait tuer son frère. Le puissant chef  de gang Butter Métayer osa même lancer au président Aristide le défi de commémorer, comme programmée, les 200 ans de l'Indépendance sur la place d'Armes des Gonaïves.

Effectivement, les manifestations patriotiques du 1er 2004 aux Gonaïves avaient dispersées par une grêle de balles tirées par des bandits. Le président Aristide et l'invité de marque du gouvernement à ces cérémonies, le président Thabo Mbeki, de l'Afrique du Sud, avaient dû être évacués en catastrophe, ce jour-là, par hélicoptère. Aucune présence de la force de l'ordre n'était remarquée pour garantir la sécurité dans la ville. Le pays se trouvait au bord de l'anarchie.

Le ''Comité de réflexion et de Propositions sur les Relations Franco-Haïtienne " mis sur pied par le gouvernement français, avait, en ce même mois de janvier 2004, fait état de la situation très alarmante que traversait le pays, dans un rapport soumis au ministre Français des Affaires étrangères de l'époque, M. Dominique de Villepin. Ce Comité avait noté l'impact sur la société de l'absence de l' Armée  en tant que structure organisée dans le pays, et fait état des résultats obtenus avec les interventions militaires sporadiques effectuées en Haïti. Entre-temps, de massives manifestations étaient organisées à la Capitale per le ''group 184'' qui occupait presque chaque jour les rues, réclamant la démission du président  Aristide. L 'instabilité en Haïti avait atteint le plus haut point.  Le pouvoir était devenu vacant suite à la  chute du président Aristide, le 29 février 2004. Me Boniface Alexandre nommé Président provisoire de la République.

Alors, dès le début  de son gouvernement, la gestion du  président Boniface Alexandre était fortement perturbée par la présence de groupes armés disséminé à la Capitale et dans certaines villes de province. Des individus avaient même pris l'initiative d'occuper manu militari d'anciennes casernes de l'Armée, prétendant se mettre au service de la population. L'instabilité au pays était à son comble. Aussi, pour mettre un frein à cette situation et permettre au nouveau gouvernement de fonctionner, la nécessité de la présence d'une nouvelle force militaire d'intervention s'était elle présentée dans toute son acuité.

À ce sujet, le même rapport adressé au ministre français De Villepin mentionné plus haut, fruit de rencontres et d'auditions de plus d'une centaine de personnalités haïtiennes, étrangères et du monde diplomatique, avait recommandé que la mise sur pied d'une force armée nationale dans le pays fût l'objectif premier de toute la nouvelle force d'intervention dépêchée en Haïti.

Prenez connaissance de ces recommandations :

"Une telle intervention sur le terrain, lit-om dans ce rapport, si elle venait à faire l'objet d'une demande en bonne et due forme soit par les autorités légitimes d'Haïti soit par l'ONU, devrait avoir pour but de former et d'encadrer une force de gendarmerie nationale, tant rurale qu'urbaine.'' 

Effectivement, face à le situation à laquelle la pays était confronté au début du gouvernement Boniface-Latortue, une fois de plus. l'ONU avait jugé indispensable d'intervenir militairement Haïti en vue de ramener l'ordre, instauré et consolider la stabilité et rendre possibles des élections de façons à y rétablir les institutions démocratiques. Avec l'accord du gouvernement, elle y avait dépêché une mission. la MINUSTAH ( Mission des Nation Unis pour la stabilité en Haïti )

Les Casques Bleus et les bandits, face à face

Néanmoins, la présence des Casques Bleus permis au pays de recouvrer, un peu de temps, une certaine stabilité. Les basses créées par les bandits avaient disparu de la scène. Lamé cannibale, Lamé rouge, Base galil, ect., étaient toutes démolies, '' opération Bagdad", démantelée, les chefs de bandes armées Yoyo piman, Dred Vilmé, Amaral Duclona, Grenn Sonnen, Labanyè, ect., éliminés. La stabilité ainsi rétablie, le gouvernement provisoire s'était mis au travail et avait organisé les élections à la fin de l'année 2006. Le president René Préval avait été réélu pour un second mandat et les institutions démocratiques. Présidence, Parlement, et Mairies remises en place.

La chasse aux bandits avait donc continué de plus belle sous le président Préval. Le mot percutant de ce dernier à l'intention des bandits armés et de leurs chefs: '' Ou byen nou depoze zam nou, ou byen nou mouri'' ( Vous déposez les armes, ou bien vous mourez ). Oui, le président René Préval pouvait prononcer de telles sentences à l'endroit des chefs de gangs, puisque la MINUSTAH, dotée d'un effectif de 9,000 troupes, se trouvait encore dans nos murs. Effectivement, en un peu de temps, le phénomène du banditisme était sous total contrôle et la stabilité du pays ramenée à un niveau acceptable.

 Le mandat de la MINUSTAH étant une fois de plus, maintenu, le président Martelly accomplit son terme sans grand problème. La pays jouissait donc, au début de l'année 2017, d'une relative stabilité, Rien ne laissait prévoir que le président Jovenel Moise allait être confronté à tant de problèmes dans sa gestion. À son accession au pouvoir, le pays avait été jugé suffisamment stable par les dirigeants de l'Organisation des Nations Unis pour que le gouvernement fut avertie que l'ONU allait mettre fin au mandat de la MINUSTAH. Cette mission avait bouclé treize (13) ans et quatre (4) mois de présence continue dans le pays. Le 15 octobre 2017, huit (8) mois après l'accession de Jovenel Moise à la présidence  du pays, le dernier contingent des Casques Bleus quittait Haïti.

L'Organisation des Nations Unies s'estimait satisfaite. Elle considère la stabilité consolidée et s'enorgueillissait d'avoir instauré en Haïti un environnement sûr et stable, hélas l'avenir allait démentir cette interprétation. Mais oui, une certaine stabilité avait été acquise, mais pas de façon durable.


Luc Sayimann PIERRE 


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