Haïti insécurité : la nécessité d`une force militaire est la même de leçon depuis 1995.

 




« Des forces extérieures sont intervenues en Haïti dans un passé récent. Oui, elles ont réussi à ramener un peu d`ordre mais pas de façon durable. Pour moi l`élément le plus important est la durabilité.»

Bob Rae, l`ambassadeur du Canada auprès des Nations Unies, avait cette déclaration lors d`une visite en Haïti. Monsieur Bob Rae a complètement raison : La ``durabilité`` de la stabilité acquise constitue l`élément essentiel pour un développement durable et harmonieux du pays. Cependant, ne tenant pas compte de la mentalité et l`histoire du peuple haïtien, il a commis la même erreur que beaucoup d`autres, en préconisant seulement le renforcement de la Police comme la solution au problème.

 En effet, pour aider à combattre l`insécurité et à maintenir une certaine stabilité en Haïti depuis 1995. L`Organisation des Nations Unies ( ONU ) a adopté, une politique qui consiste à y envoyer, de façon ponctuelle, une force militaire sous la forme d`une mission munie d`un mandat précis : rétablir en Haïti un `` environnement sûr  et stable``. Dès que le degré de sécurité et de stabilité obtenu était jugé acceptable, ces forces militaires étaient rappelées. Il revenait alors à la Police Nationale d`Haïti (PNH) la responsabilité de maintenir le climat de sécurité et de stabilité rétabli par le travail de la force militaire onusienne. Or, un constat était fait : Dès que la PNH se trouvait seule sur le terrain, le climat d`insécurité s`aggravait et l`instabilité  s`installait de nouveau . Alors l`ONU se retrouvait dans la nécessité d`envoyer en Haïti une nouvelle mission militaire investie du même mandat, en vue de corriger cet état de fait.

De 1995 à ce jour, la fréquence des missions militaires dépêchées par l`ONU en Haïti sur cette question prouve éloquemment que, pour conserver un climat de sécurité et maintenir une certaine stabilité  dans  ce pays, une force militaire aux côtés des unités de la PNH s`avère indispensable.

La Force Multinationale de l`opération `` Uphold Democracy``, arrivée en Haïti, le 19 septembre 1994, avec 23,000 troupes, pour accompagner le retour au pouvoir du président Jean Bertrand Aristide et ramener la stabilité dans le pays, était encore présente dans en Haïti après le renvoie des forces armées, le 6 janvier 1995. Elle assurait déjà, depuis le désarmement de l`Armée en septembre 1994, la sécurité et le maintien de la stabilité au pays. Le 31 mars 1995, elle était rappelée par l`ONU, sa mission jugée accomplie.

Une fois le départ de la  Force Multinationale décidé, deux (2) jours avant qu`elle quittât le territoire haïtien, la machine de l`insécurité avait fait son apparition et de façon très menaçante. La preuve en était grande, le 28 mars 1995, Mme Mireille Durocher Bertin, une avocate bien connue de milieu, tombait sous des balles assassines, en plein jour et au beau milieu de la Capitale. Alors, l`Organisation des Nations Unies se rendant compte qu`elle devait combler le vide militaire créé par le départ de la Force Multinationale, s`était dépêchée d`ordonner à la MINUHA d`assurer la relève.

La MINUHA était dotée d`un contingent militaire de 1200 soldats, non structuré en troupes de combat et qui était nettement insuffisant pour accomplir une besogne de si grande envergure. Conformément à la Résolution 867 du conseil de sécurité de l`ONU, votée le 23 septembre 1993, cette mission onusienne avait été investie, du ''mandat de professionnaliser, de moderniser, de restructurer les Forces Armées d`Haïti ( FAd`H) et de créer une force de police séparée''.

Ainsi, avec ce faible effectif de la MINUHA, une mission équipée plutôt pour un travail d`éducation et de formation, l`insécurité était devenu galopante et la stabilité très aléatoire. Néanmoins, elle resta sur le terrain jusqu`en 1997 et fut remplacée par la MIPONUH, une autre mission de l`ONU, impuissante face au fléau de l`insécurité qui faisait rage. Les cadavres ne manquaient pas de s`accumuler sans que jamais les auteurs de ces crimes eussent été appréhendés et déférés par devant la justice.

En mars 2000, lorsque mandat de la MIPONUH avait pris fin, les victimes par balle, supplices du collier ou à l`arme tranchante étaient devenues monnaie courante dans le pays tandis que l`impunité régnait souverainement. C`est dans un tel contexte que fut tenu le scrutin de la fin de l`année 2000 qui débouchera  sur l`élection, contestée par la classe politique, du président Jean Bertrand Aristide pour un second mandat. La presse écrite haïtienne dès lors avait dénombré mille quatre cent cinquante et un ( 1,451) cas de citoyens et citoyennes assassinés, en toute impunité, au cours de la période de référence, 1995 - 2000. Bref.

À la chute et au départ du président Aristide, sous la houlette des États-Unis d`Amérique, les rebelles et l`opposition furent écartées de la Constitution respectée. En vertu de l`article 149 de la Charte, le pouvoir échut au président de la Cour de Cassation, Me Boniface Alexandre nommé Président provisoire de la République. Le président installé, les troupes américaines quittèrent le pays. Alors, dès le début de son gouvernement, la gestion du président Boniface Alexandre était fortement perturbée par la présence des groupes armés disséminés à la Capitale et dans certaines villes de province. Des individus avaient même pris l`initiative d`occuper manu militari d`anciennes casernes de l`Armée, prétendant se mettre au service la population. L`instabilité du pays était à son comble.

Aussi pour mettre un frein à cette situation et permettre au nouveau gouvernement de fonctionner, la nécessité de la présence d`une nouvelle force militaire d`intervention.

Une fois de plus, l`ONU avait jugé indispensable d`intervenir militairement en Haïti en vue de ramener l`ordre, instaurer et consolider la stabilité et rendre possibles des élections de façon à y rétablir les institutions démocratiques. Avec l`accord du gouvernement, elle y avait dépêché une mission, la MINUSTAH ( Mission des Nations Unis pour la stabilité en Haïti ), nantie d`une composante militaire de 7,200 soldats. Cette mission qui comprenait également 1800 policiers, donc un total de 9,000 membres, était aussi appuyée par un personnel civil international.

Cependant, la suggestion faite dans le rapport du Comité de Réflexion français n`a pas été retenue. la formation et l`encadrement d`une nouvelle force militaire composée d`Haïtien n`étaient pas inclus dans l`agenda de la force onusienne débarquée en Haïti, le 1er juin 2004. Malheureusement. Tandis que, la MINUSTAH allait rester en Haïti pendant plus de treize (13) ans, amplement le temps qu`il faillait pour aider à monter une nouvelle armée dans le pays.

Néanmoins, la présence des Casques Bleus permit au pays de recouvrer, un peu de temps, une certaine stabilité. Les bases créées par les bandits disparu de la  scène. Lamé cannibale, Lamé Rouge, Base galil... étaient toutes démolies,`` opération Bagdad ``, démantelée, les chefs de bandes armées Yoyo piman, Dred Vilmé, Amaral Duclona, Grenn Sonnen, Labanyè, ect...

La stabilité ainsi rétablie, le gouvernement provisoire s`était donc mis au travail et avait organisé les élections à la fin de l`année 2006. Et le président René Préval avait été réélu pour un second mandat et les institutions démocratiques, Présidence, Parlement et Mairies, remises en place. Sous Préval la chasse des bandits avait donc continué de plus belle.  Effectivement, en un peu de temps, le phénomène du banditisme était sous total contrôle et la stabilité du pays ramenée à un niveau acceptable. Le mandat de la MINUSTAH étant, une fois de plus maintenu, sous l`administration du président Michel  Martelly et Laurant Lamothe . Cependant, au moment où le président Martelly quittait le pouvoir, le degré de stabilité au pays était tel que les pourparlers pour la formation d`un nouveau gouvernement de transition ont été engagés dans le calme.  Le sénateur Jocelerme Privert, nommé président provisoire. Il organisa de nouvelles élections sans encombres, à  la fin de l`année 2016, et Jovenel Moise fut élu président, puis installé au pouvoir, le 7 février 2017. Tout s`était déroulé dans la paix. Les militaires de la MINUSAH étaient présents sur le terrain.

Le 15 octobre 2017, huit (8) mois après l`accession de Jovenel Moïse à la présidence du pays, le dernier contingent des Casques bleus quittait Haïti.

L`Organisation des Nations Unis s`estimait satisfaite d`avoir instauré en Haïti un environnement sûr et stable après la période de grandes agitations du débuts des années 2000. Hélas l`avenir allait démentir cette interprétation. Oui, une certaine stabilité avait été acquise, mais pas de façon durable 


                                                                                                                      Luc Sayimann Pierre

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